Le Japon a dévoilé un canon électromagnétique développé par l’ATLA pour contrer les menaces de missiles hypersoniques. Cependant, la date de mise en service du système reste incertaine.
Le Japon a franchi une étape importante dans la technologie des canons électromagnétiques (railgun) développée pour faire face aux menaces de missiles hypersoniques. Pour la première fois, des images du prototype de cette arme électromagnétique, développée par l’Agence d’acquisition, de technologie et de logistique (ATLA), ont été rendues publiques par les Forces japonaises d’autodéfense navale.
Semblant sortie tout droit d’un film de science-fiction, cette arme peut propulser des projectiles à des vitesses supersoniques sans utiliser de munitions ou d’explosifs classiques, grâce à la force électromagnétique. Bien que les concepts de base des lanceurs à rails remontent aux années 1920, les porter à un niveau utilisable contre des menaces à grande vitesse nécessite des processus d’ingénierie complexes.
Les essais se poursuivent
Depuis 2016, le Japon a investi massivement dans cette technologie. Avec un budget de 46,3 milliards de yens (environ 300 millions de dollars) consacré au cours des trois dernières années, Tokyo souhaite renforcer ses capacités de défense face à des pays comme la Chine, qui développent des missiles hypersoniques. Ces armes, qui voyagent à plus de cinq fois la vitesse du son tout en manœuvrant, rendent leur interception extrêmement difficile avec des systèmes de défense classiques.
Les informations sur l’arme restent limitées, mais le prototype est actuellement testé à bord du navire JS Asuka. Le premier tir d’essai a eu lieu en 2023. Selon les données disponibles, le système peut propulser un projectile de 320 g de 40 mm à une vitesse de Mach 6,5 (2 230 m/s ou 8 000 km/h). Chaque tir consomme environ 5 mégajoules d’énergie, avec un objectif à terme de 20 mégajoules.
Une technologie simple, mais difficile à mettre en œuvre

L’application de cette technologie dans le domaine militaire implique de nombreux défis techniques. Il faut intégrer des systèmes de puissance capables de fournir l’énergie nécessaire dans des navires. De plus, la gestion de la chaleur intense produite à chaque tir et la miniaturisation des composants constituent d’autres obstacles majeurs.
Pour atteindre les cibles hypersoniques, il ne suffit pas de tirer rapidement : les projectiles doivent aussi être “intelligents”. Ils doivent supporter des forces de 30 000 g, changer de trajectoire en vol, suivre des cibles à l’aide de capteurs avancés, et être fabriqués avec des matériaux denses comme le tungstène. On ne sait toujours pas quand cette arme deviendra opérationnelle ou si elle entrera en production en série.
Outre le Japon, les États-Unis, la Chine, la France, l’Allemagne et l’Inde travaillent également sur cette technologie. En Turquie, TÜBİTAK a également développé un railgun nommé SAPAN, dont le projet a été complété en 2021.
Comment fonctionnent les armes électromagnétiques ?

Contrairement aux armes classiques à poudre, les armes magnétiques reposent entièrement sur les forces électromagnétiques. Le système se compose de deux rails conducteurs parallèles. Lorsqu’un courant électrique à haute tension traverse un projectile conducteur entre les rails, un champ magnétique puissant se forme et la force de Lorentz propulse le projectile à grande vitesse. Aucun explosif n’est utilisé : le mouvement est généré uniquement par l’électricité et le magnétisme. Ce principe est également utilisé dans les trains à lévitation magnétique (maglev) et les catapultes d’avions modernes.
Connues sous les noms de railgun ou Gauss Gun, ces armes faisaient autrefois partie de la science-fiction, mais elles deviennent aujourd’hui des priorités dans le domaine de la recherche en défense.